Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 17:43

 

« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis. »

Thomas Jefferson, 1802.

 

7

 

L’avènement de la mondialisation

et du supercapitalisme

 

Pour comprendre l’état de l’économie mondiale actuelle et son évolution possible, il faut connaître son histoire depuis ses débuts au XVIIIe siècle, avec les grands théoriciens de l’économie et revoir son évolution depuis au moins depuis la fin du XIXe siècle. Pour la résumer, nous utiliserons les synthèses de Naomi Klein[1], Susan George[2], Robert Reich[3], Joseph E. Stiglitz[4], Edgar Morin[5], Daniel Cohen[6], de Pierre Grou[7] d’Askanazy et al[8]., et de bien d’autres, ainsi que des données vérifiées d’autres économistes sur Internet et dans de nombreuses revues spécialisées.

 

Les grands théoriciens de l’économie

 

Adam Smith

 

Il est souvent considéré comme le père de l’économie politique (1723-1790). Philosophe et économiste des Lumières de l’université de Glasgow (Ecosse), il est le fondateur de l’école classique anglaise optimiste qui contrastait avec celle des physiocrates focalisés sur la richesse procurée par la terre. Le terme de physiocrate, fondé par Pierre Samuel Dupont de Nemours, signifie ‘gouvernement par la nature’. Son livre sur La nature et les causes de la richesse des nations[9] a largement contribué à l‘instauration du libéralisme économique et politique. Il influencera l’économiste David Ricardo (1772-1823), le chef de file de l’Ecole classique anglaise pessimiste, qui reformulera sa théorie dans Des principes de l’économie politique et de l’impôts (1817) et prônait, comme Malthus d’ailleurs, un arrêt des lois aidant les pauvres ! Adam Smith a, en fait essentiellement synthétisé les idées de son époque. Son principe de réflexion est fondé sur l’adage que « ce qui est prudence dans la conduite d’un foyer, ne peut être folie dans la gestion d’une grande nation ». Il y ajoute, dans son livre de 1759 La théorie des sentiments moraux[10], une analyse approfondie les principes de la nature humaine fondée sur l’empathie. Ce qui peut sembler en contradiction avec l’idée de son premier livre où il fonde le mécanisme économique sur l’intérêt personnel : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’il apporte à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ».

Il faut noter ici l’une de ses principales citations qu’on lui attribue dans un sens généralement très différent de son état d’esprit : « Tout pour nous et rien pour les autres, voilà la vile maxime qui paraît avoir été, dans tous les âges, celle des maîtres de l’espèce humaine ». Cette maxime est souvent présentée comme l’expression de sa vision personnelle du libéralisme, alors qu’il en dénonce clairement la vilenie et la bassesse.

Il définit ainsi les deux objectifs majeurs de l’économie politique, procurer au peuple le moyen d’obtenir revenu et subsistance et donner à l’Etat un revenu suffisant pour assurer le service public. Ses principes seront appliqués par William Pitt, le jeune, le Premier ministre de Grande Bretagne au XVIIIe siècle.

Il distingue trois grandes causes à l’enrichissement des nations, la division du travail qui augmente la productivité et qui sera symbolisée et exprimée par Charles Chaplin dans Les temps modernes, l’accumulation du capital qui conduit à l’opulence, et la taille du marché imposant le libre-échange, le laisser-faire et le laisser passer. Autrement dit l’Etat ne doit pas intervenir dans l’économie. Il faut y ajouter la métaphore de la main invisible[11] qui affirme que les marchés s’autoréguleraient et conduiraient à l’harmonie sociale. C’est-à-dire que la concurrence entre les producteurs doit mener à un bon équilibre du marché. Ces réflexions se placent naturellement dans le cadre de l’économie artisanale du XVIIIe siècle. Ce concept a été repris par l’ultra-libéral Friedman, comme nous le verrons plus loin, comme justification du capitalisme sauvage et qui a oublié ce qu‘Adam Smith avait ajouté : « Aucune société ne peut prospérer et être heureuse, dans laquelle la plus grande partie de ses membres est pauvre et misérable ».

Malgré son libéralisme, Adam Smith reconnaît l’interventionnisme justifié de l’Etat dans la vie économique pour le bien commun, pour les infrastructures et les services publics. Il se soucie de l’intérêt des travailleurs : « Des quantités égales de travail doivent être, dans tous les temps et dans tous les lieux, d’une valeur égale pour le travailleur ». Il ne néglige pas l’intérêt général en décriant les accords passés entre industriels : « Les membres d’une même industrie se rencontrent rarement par plaisir ou pour se divertir, mais leur conversation aboutit invariablement sur une conspiration contre l’intérêt général ou sur un accord pour augmenter leur prix ». Il précise encore : « Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il [l’homme] travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler. Je n’ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général aient fait beaucoup de bonnes choses ». Détail intéressant, il démontre à l’époque que le travail par le biais d’un esclave est beaucoup plus coûteux que celui d’hommes libres, et qu’il en va de même du colonialisme. Adam Smith, même s’il est  l’inventeur du libéralisme, n’est peut-être pas l’idéologue sans scrupule que l’on dénonce parfois. Ce sont plutôt ceux qui s’en réclament, comme Milton Friedman, qui méritent ce qualificatif.

 

Jacques Turgot

 

Anne, Robert, Jacques Turgot, baron de Laune (1727-1781) dans son ouvrage Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, se fait défenseur des idées du physiocrate Quesnay[12], selon laquelle, la terre est la seule source de richesse et que celle-ci doit être procurée par le travail. Turgot défend l’idée d’un impôt unique sur les productions du sol et prône la liberté totale du commerce, le libre-échange. Il sera nommé Contrôleur général, ministre de Louis XVI à qui il préconise de faire des économies dans tous les ministères et à la cour. Il supprime les dons généreux d’emplois et de pensions, ce qui déplaît à la reine Marie-Antoinette. Ces mesures sont efficaces et réduisent le déficit. On lui doit un bon nombre d’idées qui seront reprises par la Révolution française. Il a influencé Adam Smith dans la rédaction de La richesse des nations.

 

Joseph Schumpeter[13]

 

Il faut citer aussi ce grand économiste autrichien (1883-1950) qui n’a jamais fait partie de l’Ecole viennoise (Menger, Hayek, Böhm-Bawerk, Rothbard  et Von Mises) et a eu une approche originale de l’économie. Il a fondé ce que l’on appelle l’évolutionnisme économique. Il estime que la dynamique structurelle de l’économie résulte des innovations et des progrès techniques et fait la part belle aux entrepreneurs qui en sont les acteurs majeurs. L’innovation peut-être pour lui la source de la croissance, mais elle peut aussi entraîner des crises. Les innovations seraient à l’origine des cycles de Kondratieff. Rien à voir avec le néolibéralisme sauvage de Friedman que nous analyserons plus loin.

 

John Maynard Keynes[14]

 

On ne peut pas parler de l’économie du XXe siècle sans évoquer le Britannique Keynes (1883-1946). Il est le fondateur de la macroéconomie moderne qui estime que les marchés ne s’équilibrent pas naturellement. Cette conception implique un contrôle des politiques économiques qui a abouti à l’interventionnisme. Il est l’acteur majeur des Accords de Bretten Woods, ce qui nous conduit à examiner l’histoire économique récente de ce pays.

 

Petite histoire économique récente des USA

 

Rappelons que le capitalisme, qui existe depuis les débuts du développement des sociétés humaines comme en témoignent des tablettes sumériennes, peut se définir, selon I. Wallerstein[15], par « l’existence de personnes ou d’entreprises qui produisent pour vendre sur le marché afin de réaliser des profits ». Le capitalisme occidental repose aussi sur l’idée de la possibilité d’une croissance continuelle de la démographie et de l’économie, sans se poser un seul instant la possibilité de limites au système !

Pour Grou[16] la volonté de gains de productivité et de progrès social est le moteur constant de l’économie à toutes les époques, depuis la préhistoire jusqu’à l’époque actuelle. L’histoire économique moderne commence véritablement à la fin du XIXe siècle avec le développement des applications des inventions mécaniques dont certains hommes ont réussi à constituer les fers de lance de l’industrie américaine. Citons John Rockfeller et ses compagnies pétrolières, dont la Standard Oil Company (Exon-Mobil actuel), son charbon, ses fonderies, ses navires et ses banques (Chase Manhattan). Pensons encore à Henry Ford et à ses automobiles, à Morgan et à son réseau ferroviaire national, à Andrew Carnegie et à ses téléphones, puis sa compagnie de chemin de fer et la sidérurgie et à bien d’autres qui ont laissé un nom aux USA. Si elles apportaient une grande prospérité, elles comportaient encore des faiblesses grave comme le travail des enfants et des conditions très dangereuses de travail. Ces succès furent en partie dus à des gains de productivité qui passèrent de 0,3/an vers 1800, à 1,8/an à la fin du XIXe siècle. Mais ils eurent un inconvénient majeur lorsque l’offre excédant la demande entraîna une forte crise économique, déjà évoquée au chapitre précédent, qui secoua le monde occidental en 1873. Elle entraîna le passage de milliers d’agriculteurs à l’industrie, environ 8% de la population en 1870 qui passa à 33 % 50 ans plus tard. De nombreux migrants gagnèrent l’Amérique pour y trouver du travail, notamment dans l’industrie. L’expansion du commerce s’accompagna naturellement d’une recherche de marchés potentiels qui aboutirent à l’impérialisme américain. La productivité continua de progresser rapidement avec des usines de mieux en mieux organisées avec des chaînes d‘assemblage dont le modèle est celui de Ford. Ces usines de plus en plus géantes dominèrent l’économie mondiale durant tout le XXe siècle. Le capitalisme semblait triomphant, mais au niveau social, c’était la grande misère avec des conditions de vie sordides, le travail des enfants et des inégalités accrues. En raison de leur importance économique, les conglomérats de plus en plus grands étaient la priorité numéro un, celle des travailleurs considérés dans la plus totale indifférence. Si quelques chefs d’industrie tels Rockefeller et Carnegie créèrent des œuvres de bienfaisance, la majorité d’entre eux ne pensaient qu’à s’enrichir sans état d’âme.

Robert Reich cite l’interview de William Vanderbilt, le magnat du rail, sur l’opportunité de préserver une ligne de chemin de fer entre New York et New Haven parce qu’elle était utile au public, osa répondre « Le public, qu’il aille au diable ! »après quoi il ajouta : «  Je ne crois pas à cette idée stupide de travailler pour le bien de quiconque à part le nôtre, ça n’existe pas. Les chemins de fer ne reposent pas sur les bons sentiments, mais sur des principes économiques, et ils doivent être rentables ». On reconnaît là le slogan « du tout pour nous, rien pour les autres » popularisé, mais rejeté comme vil par Adam Smith.

Ces grandes entreprises réussissaient parce qu’elles réprimaient la concurrence par tous les moyens. Cet état d’esprit commença à agacer les gouvernements et la population, car les géants industriels étaient devenus les maîtres du monde américain au détriment du monde politique et ne se souciaient que de leurs bénéfices. Roosevelt les traita « d’escrocs enrichis ». Il fallait que le capitalisme soit mis au service la nation et pas à celui des dirigeants.

La même question se posait en Europe et c’est l’époque du socialisme qui prônait la nationalisation des monopoles, ou celle de Karl Marx[17] qui conseillait « la propriété collective des moyens de production »qui sera mis en œuvre par le communisme avec son cuisant échec. Une autre solution, celle du fascisme fut de mettre le contrôle de l’ensemble de l’industrie entre les mains d’un seul homme, d’un dictateur. Ces trois systèmes économiques ont été mis en pratique et c’est finalement le capitalisme qui a triomphé et survécu.

L’Amérique essaya d’améliorer son système capitaliste en réglementant les monopoles ; ce fut la première loi antitrust de 1890, le Sherman Act. Cette réglementation ne dépassait pas 15% vers 1950. Pour le reste de l‘industrie, des conseils et associations professionnelles discutèrent avec les gouvernements pour coordonner et fixer, branche par branche, les normes à respecter, établir un code de concurrence loyale et les salaires.

Les années 50 marquèrent un tournant avec l’introduction en bourse des grandes entreprises. Grâce aux dépenses publiques gigantesques, les industries profitèrent de l’augmentation des revenus et entrèrent dans une ère de consommation : voitures, maison, frigidaires, machines à laver et autres équipements firent tourner les industries à cadences accélérées. Une classe moyenne apparue. L’augmentation du niveau de vie devînt le but de la démocratie américaine. Kenneth Galbraith compris que les industries devaient remplacer le marché par la planification. Pour assurer le succès, l’innovation fit exclue et l’on se contenta de fabriquer ce que la population privilégiait.

Grâce au Wagner Act de 1935 autorisant les négociations collectives, de grands syndicats se structurèrent face aux entreprises avec des négociations et des accords sur les salaires. Tout le monde y trouvait son compte. Stabilité et efficacité de la main d’œuvre, augmentations de salaires et avantages sociaux de retraite et de santé, assurance-chômage etc…, firent de cette l’époque un capitalisme démocratique[18] un âge pas tout à fait d’or, mais de prospérité comme le souligne Reich. Ce système, d’emplois stables et bien rémunérés où 33% des salariés étaient syndiqués, assura la prospérité des industries et des ouvriers et fonctionna parfaitement jusque dans les années soixante-dix. C’est l’époque des grands industriels/hommes d‘Etat, tel Frank Abrams[19], qui avaient pris conscience de l’importance d’établir une distribution plus équitable des revenus entre tous les partenaires impliqués, des actionnaires aux salariés, jusqu’aux clients. On peut dire que l’épanouissement de la classe moyenne avec son pouvoir de promouvoir plus d’égalité fut le succès majeur du capitalisme démocratique. On parlait alors de « pluralisme de groupes d’intérêts ». Ce système avait réduit les inégalités puisque, si en 1928, 1% des personnes les plus payées s’octroyaient 19 % des revenus individuels, en 1950, ce chiffre était tombé à seulement 7%. Une loi, le Full Employement Act qui préconisait le plein emploi comme objectif de la politique économique américaine fût même votée en 1946. Cela ne veut pas dire que tout allait pour le mieux. C’est la raison pour laquelle Reich utilise le terme limitatif « d’âge pas tout à fait d’or », parce que les pauvres et les noirs étaient relégués en seconde zone et que les femmes étaient mal considérées dans les hautes sphères industrielles.

Vers 1950-1960, les Etats-Unis décidèrent d’étendre le capitalisme américain au reste du monde pour lutter notamment contre le communisme. Ce fut une grande réussite. Les concurrences entre le capitalisme démocratique américain et le communisme soviétique furent une source de développements réciproques. En particulier cela favorisa le développement de la recherche et de l’espace. Mais cette époque fut aussi marquée par des bévues, notamment celles de la CIA avec ses opérations parfois discutables au Nicaragua, en Iran et au Vietnam, épaulées par Joseph McCarthy qui compromis la démocratie américaine par ses phobies communistes…

Le presqu’âge d’or dura jusqu’à la fin des années 1970 où le capitalisme démocratique fût remplacé par ce que Reich appelle le supercapitalisme.[20] On désigne cette évolution du capitalisme par de nombreuses expressions comme capitalisme patrimonial, capitalisme financier ou capitalisme néolibéral, ou tout simplement néolibéralisme plus ou moins sauvage. J’utiliserai le terme de supercapitalisme qui me paraît exprimer davantage les excès de ce libéralisme du libre-échange.

 

Le supercapitalisme, un capitalisme du désastre !

 

Les travaux de Naomi Klein et de bien d’autres ont mis en évidence l’origine et le développement de cette nouvelle forme de capitalisme sauvage qu’elle appelle, le capitalisme du désastre.

 

Le théoricien, Milton Friedman

 

L’origine du nouveau capitalisme est dûe à l’universitaire Milton Friedman (1912-2006). Cet économiste, fils d’une famille pauvre d’origine hongroise, qui a reçu le prix Nobel d’économie en 1976 a été, non seulement un défenseur acharné du libéralisme, mais aussi le fondateur, avec George Stigler, de l’Ecole monétariste de Chicago dont les théories des Chicago boys ont établi l’idéologie du néolibéralisme actuel. Keynésien au départ, Friedman clame ensuite que Keynes a tout faux. Ses idées opposées au New Deal et à l’Etat-Providence font leur chemin.

On lui doit en 1977 une émission de télévision « Free to choose » qui deviendra un livre à succès en 1980. Sa grande thèse est que la liberté économique est une des conditions nécessaires à la liberté politique et à une démocratie durable d’où son apologie du libéralisme.

 

La théorie friedmanienne

 

Ses idées monétaristes, qui estiment que les variations de la masse monétaire provoquent des fluctuations de l’activité économique selon un modèle d’oscillations cycliques, remplacent celle de Keynes dans les années 70. Son modèle est donc celui de l’instauration d’un taux constant de croissance de la masse monétaire. Il a développé une théorie du revenu permanent, l’idée d’un taux de chômage naturel et rejeté les politiques de relance causes, selon lui, de l’inflation, un phénomène monétaire qui constitue une véritable drogue économique. Cette idée lui vient de l’analyse de la Grande Dépression de 1929 : il estime que la cause en a été essentiellement la mauvaise gestion de la monnaie.

Le capitalisme de marché qui doit s’accompagner d’un marché libre, d’une réduction des réglementations économiques, mais aussi des budgets sociaux, ce que préconisaient déjà Malthus et Ricardo. Il reprend à son compte la métaphore d’Adam Smith de « la main invisible du marché » pour justifier l’autorégulation du marché. Pour Friedman, la main invisible serait créée par l’interaction, d’une part par la compétition, l’intérêt personnel et d’autre part, par le rapport de l’offre et la demande. On doit adopter le « Laissez-faire » pour le marché ! Il est l’un des co-fondateurs de la Société du Mont Pèlerin avec l’Autrichien, Friedrich Hayek, l’un des autres maîtres à penser du néolibéralisme. Cette thèse néolibérale est devenue la ’pensée unique’ du nouveau système financier néolibéral, sous le nom de « Consensus de Washington », dont nous évoquerons plus loin les applications par la Banque mondiale et le FMI[21].

 

La stratégie du choc, fer de lance du capitalisme du désastre

 

Cette stratégie a été décryptée par Naomi Klein dans un livre portant ce nom[22]. De quoi s’agit-il ? Pour Friedman et ses disciples, une société ne peut entreprendre de grands changements de structure, d’économie et de comportement qu’à l’occasion de crises brutales et violentes pour la population. C’est ce qu’il appelait un « traitement de choc » que Klein a élevé au rang plus exact de stratégie. L’exemple cité par cet auteur est celui de La Nouvelle-Orléans en Louisiane, dévastée par l’ouragan Katrina le 29 août 2005 qui a inondé 80% de la ville. Friedman a recommandé de profiter de cette occasion pour restructurer le système éducatif. Il a suggéré de transformer les écoles de La Nouvelle-Orléans en ‘écoles à chartes’, correspondant à des écoles, toujours subventionnées par l’Etat, mais dirigées par des entreprises privées imposant leurs propres règles. Comme le signalait le groupe de réflexion de l’American Enterprise Institute : « Katrina a accompli en un jour […] ce que les réformateurs du système d’éducation ont été impuissants à faire malgré des années de travail ». La stratégie est claire. Il faut profiter des cataclysmes naturels, de toutes les formes de crises, de désastres et aussi des guerres pour imposer le nouveau système.

Friedman a commencé à exploiter sa stratégie de « la révolution de l’école de Chicago » avec Pinochet au Chili, comme nous l’avons déjà évoqué, dans les années soixante-dix, en lui recommandant, de transformer l’économie avec la libéralisation et la déréglementation des échanges, la privatisation des services publics et surtout la baisse des dépenses sociales et la réduction des impôts. C’est ainsi que les écoles publiques ont été remplacées par des écoles privées.

Cette stratégie de privatisation, libre-échange sans borne, réduction de l’appareil d’Etat fut aussi mise en œuvre après les attentats du 11 septembre à New York, à l’occasion de la guerre en Irak avec la doctrine militaire du « choc et effroi ». Il en fut de même au Sri Lanka après le tsunami de 2004 où les pécheurs furent chassés de la côte pour laisser la place aux investisseurs de stations balnéaires de luxe. Cette méthode fut aussi mise en œuvre par Margaret Thatcher, la « Dame de fer », grande admiratrice de Friedman. L’occasion de la guerre des Malouines en 1982, lui a permis de réprimer la grande grève des mineurs de charbon (1984-1985) et d’engager une vaste opération de privatisations, dont celles des chemins de fer (British Steel Rail) qui fût achevée par John Major, celle de l’aviation (British Airways) et celle de la médecine, le tout accompagné d’un affaiblissement des syndicats. Selon le journal The Economist sa politique fit passer le nombre des familles vivants en dessous du seuil de pauvreté de 8% en 1979 à 22% en 1990. Et les inégalités sociales se sont fortement creusées. On peut donc redire que la stratégie du choc profite des désastres naturels ou de la guerre pour imposer les nouvelles vues du libéralisme économique, pour libérer le marché des ingérences étatiques, remplacer les services publics par la privatisation et réduire les dépenses sociales.

 

La mondialisation correspond à un changement d’échelle dans tous les domaines exprimant la fractalité du système économique

 

Comme le fait remarquer justement Reich, les marchés deviennent de plus en plus concurrentiels et le pouvoir passe aux investisseurs et aux consommateurs de plus en plus exigeants sur leurs placements, grâce notamment aux nouvelles technologies de l’information provenant pour la plupart de la Silicon Valley pour la NASA et le Pentagone.

 

La mondialisation en marche

 

Cette nouvelle structure du marché s’est étendue grâce à la mondialisation. Désormais les prix n’étaient plus fixés par les grandes entreprises, mais par la concurrence, ce qui diminuait le risque d’inflation. Et le nouveau slogan devint : le prix le plus bas. La conséquence fut la réduction des salaires et des coûts de production. Les pays occidentaux se sont couverts d’ordinateurs et de logiciels qui ont réduit les coûts et créé un cybermonde, selon l’expression de Daniel Cohen[23]. Les entreprises ont réclamé la dérégulation des marchés pour profiter et résister à la concurrence devenue plus intense. On est ainsi passé du capitalisme démocratique à un capitalisme beaucoup plus sauvage, le supercapitalisme, si sauvage qu’il exploite même les catastrophes naturelles et sociales, sans aucun scrupule.

Il faut y ajouter le développement de nouveaux moyens de transport notamment avec des conteneurs, qui permettent de grouper, compacter les envois et faciliter les transports par camions, trains, navires cargos ou avions. Le coût du transport s’est effondré à l’avantage évident des transporteurs, mais aussi des consommateurs. Les systèmes de production se modifièrent, puisque les nouvelles technologies permettaient de trouver à l’étranger des composants et des mains-d’œuvre moins chers.

De ce fait de nombreuses grandes entreprises disparaissent avec leurs valeurs sociales et leurs syndicats qui défendaient les salariés et leurs avantages sociaux. Mais beaucoup de nouvelles entreprises se créent, notamment dans le domaine du numérique, ce qui effaça rapidement les frontières entre les divers secteurs d’activités. Les finances et la distribution des produits explosèrent avec la création de sociétés mondialisées, comme Amazon, iTunes, etc…

Comme l’a souligné Pierre Grou[24], la mondialisation est un phénomène qui s’est répété à plusieurs époques.

La première mondialisation est celle de la conquête du monde par Homo sapiens à partir de son berceau africain[25]. Cette conquête s’est étendue, étape par étape à toute la planète. Une première migration vers -100.000 ans a atteint le Moyen-Orient, mais ne semble pas avoir eue plus d’extension. Une deuxième, vers -60.000 ans, a permis aux hommes modernes de gagner le Caucase, l’Eurasie, la Sibérie, l’Inde et la Chine. De là, les hommes ont colonisé l’Amérique vers -20.000 et -13.000 ans et enfin les îles du Pacifique il y a seulement 1.000 ans. L’Europe a été colonisée, il y a environ -45.000 ans.

La deuxième mondialisation est celle qui aboutit au développement des transports maritimes avec les grandes découvertes qui ont permis aux occidentaux de faire fructifier le commerce en échangeant des produits du monde entier et qui s’est concrétisée ensuite par les colonisations.

La troisième mondialisation est celle de l’économie industrielle qui débouche sur un épuisement des ressources naturelles. Nous introduirons par un encadré de Pierre Grou[26] sur la naissance et le développement de ce phénomène capital pour la compréhension de notre propos.

 

La naissance de la mondialisation économique

 

En début de XXIe siècle, la définition du phénomène de mondialisation économique est généralement présentée de manière très vague. S’agit-il de commerce mondial, de relations mondiales, d’information mondiale, de déplacements mondiaux ?

Pour nous l’origine du processus date du début des années 1970, et s’est caractérisée par une cause immédiate, celle d’une montée en puissance des firmes multinationales. La multinationalisation d’une firme signifie que celle-ci installe au moins une filiale de production hors de son pays d’origine. Le nombre de ces firmes, qui était de l’ordre de quelques milliers au milieu du XXe siècle, a doublé entre 1967 et 1973, passant de 6.000 à 13.000 entre les deux dates. Ces statistiques proviennent du Centre de l’Organisation des Nations Unies sur les multinationales situé alors à New York. Le phénomène a eu pour résultat général une interpénétration des processus productifs des pays industrialisés.

Pendant les années 1970, cette nouvelle situation a été appelée « multinationalisation de la production ». Mais, à partir des années 1980, c’est le terme de « mondialisation économique » qui s’est imposé, accompagné d’autres termes voisins, comme ceux d’ « économie mondiale », de « marché mondial », ou « d’espace mondial », parfois de « globalisation ». Cette croissance du nombre des firmes multinationales s’est poursuivie, pour tendre vers le chiffre d’environ 100.000 au début du XXIe siècle.

Quelles sont les causes de l’apparition de la mondialisation économique ? Pour nous ce phénomène s’explique par la mise en place d’une nouvelle étape d’un développement des firmes, de nature structurelle et à l’œuvre depuis la révolution industrielle.

Cette dynamique est un enchaînement de trois éléments, liés entre eux, qui sont : le niveau de technologie, la taille du capital, et les besoins de débouchés. En revenant au paysage économique créé au XVIIIe siècle par la révolution industrielle, il apparaît que le niveau technologique était relativement peu élevé - par exemple, celui des métiers à tisser individuels dans le textile -  et que la taille du capital investi dans ces premières entreprises était relativement faible. L’espace des débouchés nécessaires à la rentabilisation du captal investi était donc également restreint, de nature régionale ou nationale. La contrainte d’un espace de débouchés moyen n’exclut pas, bien au contraire, un expansionnisme politico-marchand, dépassant de manière nette le cadre de référence moyen. Ainsi, l’expansionnisme politico-marchand européen a dépassé très tôt le cadre national - exemples hollandais, portugais, espagnol, britannique et français - avant le XIXe siècle.

Le XIXe siècle, qui fut celui de l’essor de la métallurgie,permet de se rendre compte que le niveau de technologie nécessaire à la production d’acier de rails, de locomotives était plus élevé qu’auparavant, que le capital investi dans ces productions était plus important, et que l’espace des débouchés dont la rentabilisation du capital investi a besoin,était aussi plus grand : celui-ci dépassait, à l’évidence, la dimension d’un espace économique national. Le phénomène d’exportation a pris de plus en plus d’importance et permet d’expliquer l’expansion des empires coloniaux. Au début du XXe siècle, là encore, un niveau de technologie plus élevé est apparu, ainsi qu’un besoin de capitaux plus grand – phénomène de concentration industrielle -, ainsi qu’un espace de débouchés indispensables à la rentabilisation encore plus vaste. De nouveaux espaces d’exportation - de nature continentale - sont devenus nécessaires, et ce besoin a entraîné des guerres mondiales, par exemple pour le contrôle de l’espace de l’Europe lors de la première Guerre mondiale, et de l’Europe et de l’Asie lors de la Seconde Guerre mondiale.

À la fin du XXe siècle, se produit une révolution technologique dont le niveau est encore plus élevé que les précédentes révolutions ; il s’agit, entre autres, de l’essor des technologies de l’information, qui sont très coûteuses en frais de recherche ; la taille du capital investi est donc plus importante et les besoins de débouchés plus vastes.

Or, il arrive un moment où le niveau d’exportations ne peut plus s’élever car il devient alors plus rentable pour l’entreprise d’aller s’installer sur le lieu de destination. Cette étape a été atteinte vers 1970 dans le monde industrialisé. C’est pourquoi un mouvement irrésistible de multinationalisation des firmes industrielles s’est produit, processus appelé plus tard « mondialisation ». Le changement observé, dû à une révolution technologique, s’est effectué dans une crise économique, celle des années 1970-1980. La mondialisation s’est imposée comme incontournable. Elle a parfois entraîné sur le plan politique une attitude dite « antimondialisation ». Une telle réaction peut être comparée au mouvement anarchiste de la fin du XIXe siècle qui combattait l’existence des grandes entreprises industrielles, et prônait un retour à l’époque de la petite entreprise. De même en début de XXIe siècle, on parle de déglobalisation ou de démondialisation[27]. Or pour nous, il s’agit d’unphénomène irréversible. En revanche, rien ne s’oppose à une conception différente de la mondialisation économique ; conception qui retirerait son pouvoir à l’oligarchie mondialisée.                                        Pierre Grou

 

L’expression de la mondialisation économique : les mastodontes de la dérégulation et des délocalisations

 

Les entreprises industrielles et la finance ont été les acteurs évidents de la mondialisation économique. L’une des conséquences de cette mondialisation a été l’accroissement de la taille des entreprises industrielles et des banques. Les plus grandes entreprises ont racheté et absorbé les plus petites qui pouvaient leur faire concurrence et avaient des compétences certaines et des brevets intéressants. D’achats en achats, d’extension en extension, tous les types d’entreprises sont devenues des mastodontes.Leur puissance est devenue telle, qu’elles ont pris le pouvoir sur les Etats et la politique, en pratiquant des chantages à l’emploi. En particulier, les banques ont réussi un exploit dans les années 1970, celui de faire abroger toutes les régulations qui avaient été mises en place après le krach de 1929 (Glass-Steagall Act, Accords de Bretten-woods) pour obtenir un libre-échange sans limites et l’application du « Tout pour nous, rien pour les autres  et la « toute puissance de l’argent à court terme »

Le bilan de cette stratégie de la mondialisation qui a remplacé l’intérêt du service public par celui de la privatisation qui permet l’accroissement des bénéfices des entreprises et de leurs dirigeants est malheureusement bien connu. C’est la multiplication des délocalisations pour produire dans les pays à main-d’œuvre moins chère et à charges réduites, avec deux conséquences graves, une à court terme qui est celle de la destruction d’emplois[28] et donc une forte augmentation du chômage dans les pays développés. Elle se complète par une diminution des salaires des employés qui ont conservé des emplois et la réduction du rôle des syndicats.

L’autre conséquence, à long terme, que l’on ne perçoit que maintenant à grande échelle, ladésindustrialisationde certains pays occidentaux comme les USA, l’Angleterre et la France[29], à la différence de l’Allemagne et du Japon qui ont su résister grâce à des ententes entre Etats, entreprises et syndicats et avec des projets à long terme. Comme le montrent Artus et Virard, il s’agit d’une méprise de certains milieux qui ont cru qu’il fallait laisser l’industrie aux pays émergents et se réserver seulement les services et les nouvelles technologies. Ces pays désindustrialisés vont ainsi vers un déclin inévitable à cause de la chute du commerce extérieur très déficitaire. Reich a montré que ce déclin vient également du fait que les entreprises ont fait le choix de la mondialisation contre leur propre Etat, en faisant réduire les charges sociales pour la population.

Comme l’a expliqué Daniel Cohen[30], la mondialisation économique ne touche pas les personnes qui sont en relations personnelles directes avec leurs clients (Ami à amis : F2F[31]) et restent ainsi dans le schéma économique traditionnel comme les médecins, les coiffeurs et les artisans… Par contre tous ceux qui conçoivent les biens du futur, donc les innovations impliquant les nouvelles technologies de l’information, sont plongés d’emblée dans la mondialisation. Les rémunérations ne sont plus alors liées au temps de travail réalisé, mais à la célébrité acquise dans le domaine considéré. Et surtout, les rémunérations prennent en compte les parts de marché qu’elles peuvent permettre de capter et donc des rendements croissants qu’elles peuvent apporter à la société qui l’emploie. Cette révolution de type star-system est la règle dans le cybermonde. En effet, c’est surtout la conception qui coûte cher. La construction du matériel et sa commercialisation ont été déplacées là où les coûts sont les plus réduits. Cohen[32] rappelle que si Renault fabriquait dans les années cinquante, environ 80% de ses voitures, de nos jours, la société n’en construit plus que 20%, laissant le reste aux sous-traitants souvent délocalisés. C’est ainsi que l’usine Renault de Guyancourt conçoit le premier modèle qui sera cloné ailleurs. Il en est de même pour la fabrication des médicaments où tout repose sur la molécule à découvrir ; les prix de fabrications des médicaments étant réduits, comme le montrent les prix des génériques.

Dans ce nouveau monde, la recherche et le développement (R & D) jouent un rôle essentiel. La Silicon Valley et les Universités américaines en sont les exemples bien connus dans le domaine des nouvelles technologies. Le même système s’applique aussi à la finance dominée par Wall Street, à celui de la culture avec d’une part le cinéma d’Hollywood et au monde du livre qui produit 40% de nos lectures européennes, sans oublier le Pentagone en matière de défense militaire. Selon Cohen, cette évolution résulte du fait que les émigrants qui ont construit les USA ont pris dans leurs valises la philosophie des Lumières. Dans le cadre de la mondialisation il y a donc une concurrence entre les USA et le reste du monde, l’Europe étant manifestement à la traîne dans tous les domaines, à l’exception de l’industrie pharmaceutique.

L’accélération de l’évolution économique

 

L’une des grandes caractéristiques de l’histoire économique mise en évidence par Grou, est celle d’une accélération technologique et économique[33] qui s’est développée depuis les débuts de l’homme moderne. Pierre Grou nous en explique sa mise en œuvre.

Ce processus résulte d’un accroissement de plus en plus rapide de l’appropriation de la nature par les êtres humains. Mais il conduit à une limite - ou singularité - qu’il convient de prévoir et de bien analyser.

Une hausse des taux de croissance économique signifie un processus d’appropriation de la nature plus important et, si l’on se réfère aux taux de croissance estimés, puis mesurés de l’histoire humaine, on peut constater qu’ils ont été en moyenne inférieurs à 1%, de la préhistoire jusqu’à la révolution industrielle. Ensuite ils sont passés en moyenne de 1 à 2 %, dans les pays industrialisés pendant le XIXe siècle. Plus tard ils ont atteint 3 à 4% en moyenne encore dans les pays industrialisés pendant la période dite des « Trente Glorieuses »pour atteindre enfin de 5 à 6% en moyenne mondiale au début du XXIe siècle. Comme la hausse des taux de croissance s’effectue de plus en plus rapidement, il en résulte un phénomène d’accélération  économique. Tout phénomène d’accélération ne peut se poursuivre sans fin, bien qu’abstraitement il puisse tendre vers l’infini. Mais s’il s’agit d’un processus réel, il existe toujours une limite. Le mathématicien Von Neumann (1903-1957) a perçu assez tôt la réalité de l’accélération économique des sociétés humaines, et il a écrit que « le progrès toujours accéléré de la technologie et les changements dans les modes de vue donnent à penser que nous approchons d’une singularité essentielle dans l’histoire de l’espèce, au-delà de laquelle les affaires humaines telles que nous les connaissons ne pourront pas continuer ». D’autres auteurs ont eu l’intuition de cette dynamique propre à l’humanité et un petit nombre a calculé une date limite d’aboutissement du processus d’accélération. Le résultat commun se situe dans la seconde moitié du XXIe siècle, soit vers 2050[34], soit vers 2080[35] en utilisant un autre mode de calcul.

Pierre Grou

 

Retenons de ce chapitre que la mise en œuvre du supercapitalisme définie par l’Ecole de Chicago de Milton Friedman, profite sans scrupule des catastrophes naturelles, des attentats, des coups d’état ou des guerres pour s’imposer en remplaçant les services publics par le privé et réduisant les budgets sociaux et aggravant le chômage. La mondialisation est un phénomène irréversible qui a permis aux entreprises et à la finance de devenir des mastodontes qui ont pris le pas sur les Etats et les politiques. Ils ont imposé, par des chantages à l’emploi, les dérégulations financières imposées après le krach de 1929. L’une des premières a été l’annulation du Glass-Steagall Act qui séparait les banques de dépôts des banques d’investissement. La fusion des deux fonctions a mené directement aux krachs récents. Ensuite, sous le prétexte de la concurrence, les transferts internationaux de capitaux et de marchandises ont été autorisés pour aboutir à une liberté totale d’action sans contrôle réel, le libre-échange intégral. Le but, faire croître les revenus des plus riches au détriment des autres… L’économie évolue par une accélération que chacun constate à son niveau, mais qui a une limite. D’après plusieurs calculs, cette singularité se situerait vers 2050 ou 2080 ± 30. Elle est donc très proche !

Voyons maintenant les autres conséquences de l’instauration du supercapitalisme.

 

 



[1] Klein, N. 2008. La stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre. Paris, Léméac/Actes Sud.

[2] George, S. 2001. ATTAC, Remettre l’OMC à sa place. Paris, Mille et Une Nuits.

George, S. & Wolf, M.  2002. La mondialisation libérale. Paris, Grasset.

George, S. 2004. Un autre monde possible, si… Paris, Fayard.

George, S. 2007. La pensée enchaînée. Comment les droites laïque et religieuse se sont emparées de l’Amérique. Paris, Fayard.

[3] Reich, R. 2008. Supercapitalisme. Le choc entre le système économique émergent et la démocratie. Paris, Vuibert.

[4] Stiglitz, J.E. 2002. La Grande Désillusion. Paris, Fayard.

 Stiglitz, J.E. 2010. Le triomphe de la cupidité. Paris, Les liens qui Libèrent.

[5] Morin, E. 2011. La Voie. Pour l’avenir de l’humanité. Paris, Fayard.

[6] Cohen, D. 2009. La prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie. Paris, Albin Michel.

[7]   Grou, P. 2005. Impératif technologique ou déclin économique ? L’Harmattan, Paris, Questions contemporaines.

 Grou, P. 2007. Mondialisation économique et perspective d'un temps critique en fin du XXIe siècle : aboutissement d'une première période de l'humanité ? In : Les grands défis technologiques et scientifiques au XXIe siècle, Bourgeois, P. & Grou,P, eds. Paris, Ellipses.

 Grou, P. 2009. Relativité d’échelle et sciences humaines. In : Nottale, L., Chaline, J. & Grou, P. 2009. Des fleurs pour Schrödinger. La relativité d’échelle et ses applications. Paris, Ellipses.

 Grou, P. 2010. L’argent obscurantisme du XXIe siècle. Paris, Bruno Leprince.

[8] Askenazy, P. et al. Manifeste d’économistes atterés : crise et dettes en Europe : 10 fausses évidences, 22 mesures en débat pour sortir de l’impasse. Paris, Les liens qui libèrent.

[9] Smith, A. 1776. An Inquiry into the Nature and Causes odf the Wealth of Nations. London, Starkan, W & Cadeli, T.

[10] Smith, A. 1759. The Theory of Moral Sentiments. Glasgow.

[11] Reprise par Adam Smith de la Fable des abeilles, vices privés, vertus publiques de Bernard Mandeville publiée en 1705 qui conclut que « Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu, seule, rende jamais une nation célèbre et glorieuses ».

[12] La physiocratie est à l’origine de l’économie moderne.

[13] Schumpeter, J. 1911. Théorie de l’évolution économique. Recherche sur le profit, le crédit, l’intérêt et le cycle de conjoncture. Berlin, Dunckert & Humblot.(Traduction française de 1935. Paris, Dalloz).

[14] Keynes, J.M. 1936. Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie. Cambridge Univ. Press.

[15] Wallerstein, I. 2009. Comprendre le monde. Introduction à l’analyse des systèmes-monde. Paris, La Découverte.

[16] Nottale, Chaline & Grou. 2000. Les arbres de l’évolution. Paris, Hachette, et  Grou, P. 2010. L’argent, obscurantisme du XXIe siècle. Bruno Leprince.

[17] Marx, K. 1867. Le Capital. Critique de l’économie politique. Hambourg, Otto Meissner.

[18] Reich, op. cit.

[19] dirigeant de la Standard Oil of New Jersey.

[20] Reich, op. cit.

[21] Pagé, J.-P. 2009. Penser l’après-crise. Tout est à reconstruire. Paris, Autrement Frontières.

[22] Klein, N. 2008. La stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre. Paris, Léméac/Actes Sud.

[23] Cohen, D. 2009. La prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie. Paris, Albin Michel.

[24] Grou, P. 2010. L’argent, obscurantisme du XXIe siècle. Paris, Bruno Leprince.

[25] Chaline, J. & Marchand, D. 2010. Le singe, l’embryon et l’homme. Une nouvelle clé de lecture de l’histoire de l’homme. Paris, Ellipses.

[26] Grou, P. 2010. Op. cit.

[27]         Bello, W. 2002. Deglobalization : Ideas for a New World Economy. London, New York, Zed Books.

[28] Selon Patrick Artus et Marie-Paule Virard (2008), la France a perdu 2 millions d’emplois entre 1980 et 2007 : Globalisation, le pire est à venir, Paris, la découverte. Voir aussi : Artus, P. et Virard, M.-P.  2011. La France sans ses usines. Paris, Fayard.

[29] Artus, P. & Virard, M.-P. 2011. La France sans ses usines. Paris, Fayard.

[30] Cohen, D. 2009. La prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie. Paris, Albin Michel, op. cit.

[31] Les réseaux F2F (Friend to friend) sont des réseaux anonymes fonctionnant en communautés fermées.

[32] Cohen, D. 2006. Trois leçons sur la société postindustrielle. Paris, Le Seuil.

[33]  Grou, P. 1987. L'aventure économique. L'Harmattan, Paris.

[34] Johansen, A. & Sornette, D. 2001. Finite-time singularity of the world population economic and finacial indices. Physica A, 294 : 465-502.

[35] Nottale, L., Chaline, J. & Grou, P. 2000. Les arbres de l’évolution. Paris, Hachette Littérature.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de chaline.jean.recherches.over-blog.com
  • : Description de la théorie de l'évolution des espèces et de l'homme, disparition des Néandertaliens. Applications des lois des phénomènes critiques à l'évolution des espèces, la démographie et l'économie.
  • Contact

Recherche

Liens